Le Rapport d'expertise : pratiquement Incroyable !
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Crash d’EgyptAir : l’avion n’aurait jamais dû décoller
n rapport d’expertise commandée par la justice montre que l’Airbus égyptien qui s’est écrasé entre Paris et Le Caire en 2016 tuant 66 personnes n’était pas en état de voler ce jour-là.
© SIPA/XINHUA/Pierre Andrieu Les autorités du Caire estiment toujours que c’est un acte terroriste qui a provoqué le crash. (Illustration.)
L’Airbus A320 d’EgyptAir, qui devait relier Paris-Charles-de-Gaulle au Caire et qui s’est abîmé en Méditerranée dans la nuit du 18 au 19 mai 2016, tuant 66 personnes dont quinze Français, n’aurait jamais dû voler ce jour-là. C’est la conclusion d’un rapport d’expertise accablant sur la maintenance de l’avion, commandé par les trois juges d’instruction chargés de l’enquête en France.
Dans ce document d’environ 70 pages, que nous avons pu consulter, l’inspecteur et le technicien aéronautique écrivent : « L’expertise a mis en évidence que cet appareil aurait dû faire l’objet de vérifications lors des quatre précédents vols […] après l’enchaînement des défauts récurrents mais non signalés par les équipages successifs. »
Pour rédiger leur rapport, les experts ont à la fois décortiqué le carnet de bord de l’avion immatriculé SU-GCC, mais surtout étudié minutieusement les données Acars. Ce système permet à un avion en vol d’envoyer au sol les informations sur son état de maintenance.
Une vingtaine d’alertes la veille du crash
Sur la journée du 18 mai, les experts ont ainsi découvert près d’une vingtaine d’alertes plus ou moins graves sans que les pilotes ne les signalent et que la compagnie n’intervienne. « Les défauts majeurs, signalés par alarme visuelle et sonore ne font l’objet d’aucun signalement technique », relèvent les experts.
« Les défauts ne sont signalés que lorsque l’aéronef est en base principale (Le Caire) afin, de toute évidence, d’éviter une immobilisation d’un aéronef en escale pour dépannage », estiment les deux spécialistes. « Une intervention de maintenance loin de sa base est souvent plus complexe à réaliser et plus coûteuse », confie une source proche du dossier.
Et pourtant, plusieurs de ces alertes sont particulièrement inquiétantes. La plus grave signale de manière récurrente un problème électrique pouvant conduire à un incendie. Non seulement, elle n’est pas signalée par les pilotes, mais surtout « les enregistrements démontrent que le ou les disjoncteurs ont été manuellement réengagés en totale contradiction avec les consignes du constructeur », constatent les experts.
Valve moteur défaillante et fumée dans les toilettes
Une autre alerte signale un problème sur une valve d’un moteur tandis qu’un troisième défaut indique des fumées dans les toilettes. « Cette alarme peut indiquer un début d’incendie dans un compartiment WC, estiment les experts. Elle ne peut être passée sous silence, ce qui a été le cas. »
Une absence de réaction des équipes d’EgyptAir qui n’est pas propre à cette funeste journée du 18 mai. En effet, les experts ont analysé les données Acars à partir du 1er mai. Et le constat est stupéfiant. Le problème électrique a généré des alertes sur 29 vols de l’Airbus égyptien tandis que celui de la valve du moteur sur 51 vols.
« Vue le nombre d’occurrences, cette vanne aurait dû être désactivée et surtout aurait dû bénéficier d’investigations plus approfondies sur son état », affirment les experts. Conséquence, ils estiment que « l’application non conforme des procédures et consignes ne permet pas à la compagnie EgyptAir d’apprécier correctement l’état technique de l’aéronef au moment du départ de CDG ».
L’Egypte défend toujours la thèse de l’acte terroriste
Par ailleurs, les deux spécialistes s’interrogent sur le niveau de compétence du technicien chargé de la maintenance des avions EgyptAir à Roissy. En effet, rien n’indique qu’il possédait les qualifications pour exercer ce travail.
« Cette expertise fait froid dans le dos, estime Me Busy, avocat de l’association des familles des victimes du crash EgyptAir MS 804. C’est d’autant plus inquiétant que, malgré ce rapport, les avions d’EgyptAir continuent d’atterrir et de survoler l’Europe. Il faut savoir que les équipages qui ont piloté l’avion sur les vols précédant celui du crash ont assuré aux enquêteurs qu’ils n’ont rencontré aucun problème. Ce qui est faux, ils ont menti. Où est la sécurité aérienne chez EgyptAir ? »
Une situation d’autant plus préoccupante que les autorités du Caire ont mis fin à l’enquête de sécurité. Elles estiment que c’est un acte terroriste -pourtant jamais revendiqué- qui a provoqué le crash. Une conclusion à l’opposé de celle du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA) qui privilégie un incendie violent dans le cockpit dont l’origine reste à déterminer.
Une fuite d’oxygène dans le cockpit ?
Une expertise pour savoir si un iPhone et un iPad -qui appartenaient au copilote- branchés au tableau de bord, comme c’était le cas le jour du drame, ont pu déclencher le sinistre, est toujours en cours. Mais, selon nos informations, les premiers résultats ne sont pas concluants. Quant à savoir si la maintenance de l’avion est en cause, les deux spécialistes aéronautiques restent prudents : « L’étude des éléments mis à la disposition des experts ne permet pas de déterminer si l’accident de l’Airbus SU-GCC découle des différents défauts techniques dont souffrait l’aéronef. »
Cependant, pour eux le problème électrique « pourrait être le signe précurseur d’une défaillance électrique majeure ». D’autant qu’ils s’interrogent sur le remplacement du masque à oxygène du copilote trois jours avant le crash. Pourquoi a-t-il été changé, mais, surtout, le travail a-t-il été bien fait, sans fuite d’oxygène pouvant accélérer un début d’incendie ?
Sollicitée, la compagnie EgyptAir n’a pas répondu à nos questions. Même chose pour l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) que nous avons interrogée sur la sécurité des vols opérés par EgyptAir.
Vincent Vérier Il y a 1 heure