
ÉDITORIAL - Il est né d'un père belge, il portait un pseudonyme américain, il vivait entre la Suisse et la Californie, et pourtant il était le plus français des artistes français.
Cet homme-là a tout été: rocker, crooner, hippie, chanteur à paillettes, cow-boy et troubadour, dandy et clodo. On l'a vu en clone d'Elvis Presley, en Christ psychédélique, en Hamlet halluciné, en Mad Max bardé de cuir et de clous. Et pourtant, même dans ses avatars les plus improbables, Johnny n'a jamais cessé d'être Johnny. Chat maigre du twist ou vieil asiate barbichu, c'était la même élégance élastique, la même aura chamanique. Sous les masques du Fregoli du rock perçait une vérité humaine mille fois plus forte que tous les clichés.
Cet homme-là a tout vu, tout connu. Le meilleur et le pire. La gloire et la déglingue. La «destroyance», comme il disait. Sex and drugs and rock'n'roll…Et pourtant rien, ni les excès, ni les accusations infamantes, ni les désastres intimes ou financiers n'ont altéré sa grâce instinctive. Enfant abandonné, blouson noir, star du show-biz, patriarche parmi les siens: dans ses yeux bleus délavés, la pureté de l'enfance était restée inscrite comme une nostalgie.
Il n'était pas un musicien extraordinaire. Un prosateur, moins encore. Il n'était pas un beau parleur ni un phare de la pensée. Et pourtant, jamais ses «idées courtes» n'ont paru ridicules: même les «Guignols» ont renoncé à le brocarder. Son génie fut d'inspirer aux plus grands «l'envie d'avoir envie»… de lui. De Duras à Godard, de Sagan à Rondeau, pourquoi a-t-il autant fasciné les intellectuels? Sans doute parce qu'il avait ce qu'ils n'ont jamais eu: cette faculté quasi surnaturelle d'instaurer avec son public une communication qui se passe de mots.
On embarquait pour ses shows comme pour la Foire du Trône. Décors babyloniens, fumigènes, lasers et hélicos. Et pourtant, dans sa démesure, il n'a jamais donné le sentiment d'en faire trop. Quand le titan déchaînait son ouragan électrique, la foule, derrière le crissement des guitares et le vrombissement des amplis, entendait l'écho d'une générosité folle, cet amour du public dont il a tant reçu parce qu'il lui a tout donné - et notamment ce qu'il lui restait de vie.
Américain, lui? Quelle blague! Prophète en son pays, mais seulement en son pays, Johnny était français jusqu'au bout des Santiag. Même son Amérique était un rêve bien de chez nous: son Far West, c'était la Camargue ; c'est à Brétigny-sur-Orge qu'il a tourné son plus beau clip: Quelque chose de Tennessee .
Johnny, c'était son public. Son public, c'était la France. La France des mauvais garçons et des jeunes filles de bonne famille, des enfants et des grands-parents, des cocos et des libéraux, des Parisiens et des provinciaux, des bobos et des prolos… La France des bars-tabacs et des cybercafés, des bals populaires et des temples de la techno. La France d'hier et d'aujourd'hui…
Dans le miroir brisé que lui tendait la star, toute une nation reconnaissait son histoire. En Johnny, la France se retrouvait, avec ses bons et ses mauvais côtés, ses enthousiasmes et ses déprimes, ses chutes et ses rédemptions. C'est cette France querelleuse et généreuse, folle et raisonnable, désespérée et magnifique, qui fredonne tristement: «On a tous en nous quelque chose de Johnny.»
Quand la planète est menacée par le réchauffement climatique et que la biodiversité s'effondre, victime des prédations humaines et de la surexploitation des ressources naturelles, ce texte puissant et magnifique de simplicité, écrit en 1970 par l'écrivain Philippe Labro sur la musique de la 7ème symphonie de Beethoven et déclamé depuis par un Johnny à la voix tonnante, sonne comme un avertissement ultime, vous met les larmes aux yeux, vous hérisse les poils et vous donne envie de vous battre pour préserver la nature et la vie sur notre si belle planète, la Terre.
Allez, salut Johnny ! On n'a pas pu te retenir, mais promis : on va tout faire pour qu'il y ait toujours des plages au sable blanc, des fleurs jaunes dans les dunes, des rivières fraîches et pures, des galets dans les cascades, des oiseaux et des enfants sur notre planète, la Terre..
GIOU31 a écrit:Salut Al
Ma colère ne vient pas la première déclaration d'A F mais bel et bien de sa justification quelques heures plus tard aux GG sur RMC. Capable de tout dire et son contraire. Toujours et encore le mépris d'une certaine intelligencia.
Anyway, cela n'a finalement que peu d'importance.
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